TÉLÉ STAR, 13.06.1997

Alain Prost: "Les grands objectifs, c'est pour l'an prochain"



Les dieux de la Formule 1 sont décidément avec Alain Prost. Depuis que celui-ci a racheté l'écurie Ligier, rebaptisée à son nom, les monoplaces bleues semblent avoir retrouvé des ailes. En tout cas celle d'Olivier Panis qui pointe, avec le Grand Prix du Canada, à la troisième place du Championnat du monde des pilotes. Fatigué mais heureux, Alain Prost, qui se dépense sans compter pour faire de son écurie l'une des meilleures du monde, s'est confié à "Télé Star".

Quel est votre rythme de vie depuis que vous dirigez votre propre écurie de F1?
C'est de la folie! Je travaille au minimum quinze heures par jour, week-ends compris. Je suis sur le pont du matin au soir, que ce soit à l'usine, sur le bord des circuits ou ailleurs, à la rencontre de futurs partenaires. J'espères que cela ne va pas durer car je ne tiendrai pas longtemps à ce rythme-là. Je sais heureusement qu'il s'agit d'une période particulièrement difficile car il faut, à la fois gérer le court terme - c'est-à-dire les courses qui se succèdent tous les quinze jours - et le long terme, la préparation de la prochaine saison. Voir mes enfants et faire un peu de sport, notamment du vélo, quand c'est possible, me fait du bien.

Votre expérience de pilote vous sert-elle dans la gestion de l'écurie?
Quand on est pilote de pointe, on gère tout un domaine technique et une grosse vingtaine de personnes qui gravitent autour de vous. Je ne suis donc pas totalement désarmé. Mais je m'aperçois qu'avec une centaine de personnes à diriger, les problèmes sont au moins multipliés par dix. Le plus dur, ce sont les contraintes avec lesquelles doivent composer les petites et moyennes entreprises en France. On a l'impression d'avoir un handicap dès le départ par rapport aux écuries britanniques, par exemple, qui ont moitié moins de charges. Mais notre pari est justement de réussir, tout en restant une écurie française.

N'avez-vous jamais été tenté de prendre vous-même le volant d'une de vos voitures, ne serait-ce que pour un tour de circuit?
Cela ne m'est jamais venu à l'esprit. Je ne sais si je le ferai ou non un jour. Pour l'instant, je n'ai pas trop de temps et on ne prend pas un volant de F1, même pour un tour, si on n'a pas complètement la tête à ça. C'est une trop grand responsabilité, un trop grand risque.

Quels sont les objectifs de l'écurie Prost pour cette saison?
Il s'agit d'une année de transition, même s'il y a eu et s'il y aura encore de bons coups à jouer. Notre premier objectif est d'obtenir le meilleur classement possible au Championnat du monde des constructeurs. Nous sommes cinquième pour le moment et nous aimerions bien le rester. Une bonne place cette année nous permettrait de changer de statut, d'être mieux placés l'an prochain dans les stands, ce qui est important pour une écurie comme la nôtre et pour nos sponsors. A partir de l'an prochain, nous aurons des objectifs plus élevés.

Votre fils de 15 ans, Nicolas, est-il tenté de suivre votre voie?
Il préfère le golf et les échecs à la course automobile. J'aime mieux ça. Il a fait un peu de karting, mais il a vite compris combien il serait difficile pour lui de porter le nom de Prost dans le milieu automobile. S'il avait été bon, on aurait considéré cela au mieux comme normal. Je suis content qu'il ait choisi une autre voie.


Propos recueillis par Gilles Van Kote



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