OUEST FRANCE, 24.05.2015

Alain Prost: "La F1 est en crise"


Stéphane BOIS (avec AFP)

Alain Prost, quatre fois champion du monde et autant de fois vainqueur du GP de Monaco, estime la F1 actuellement "en crise" et "moins intéressante" en tant que "fan".

Alain Prost, est-ce que la F1 est à la fin d'un cycle?
Oui certainement. Si on regarde ce qui s'est passé l'an dernier, les moteurs, à puissance égale, consomment 30 à 40% de moins avec une technologie très innovante qui servira sur les voitures de série. C'était quand même une motivation des constructeurs, Renault en premier, Mercedes. Honda est revenu pour ça, Ferrari est toujours là. Mais on dirait que les fans n'adhèrent pas à cela, peut-être parce qu'il n'y a pas assez de show, de spectacle, que la technologie ne vient pas remplacer l'ADN pur de la F1. C'est une vraie déception et il faut réfléchir là-dessus pour reconstruire quelque chose.

Est-ce qu'il y a moins de "glamour", moins de pilotes charismatiques?
Oui, et il y a aussi plus de courses, plus de messages tronqués, le fait que les voitures semblent plus faciles à conduire, qu'un pilote de 17 ans (Max Verstappen) arrive en F1 aujourd'hui. Il y a plein d'exemples. Les voitures sont un peu moins spectaculaires, très limitées par les règlements, par les pneus. Quand je regarde un GP de F1 comme un fan, de temps en temps, je me dis que c'est moins intéressant. Et en plus, quand un pilote se fait toucher, il pleure à la radio et il va réclamer à la direction de course.

Est-ce que ces impressions sont trompeuses?
Ce qui se passe en réalité n'est pas ce que l'on voit. Parce que le pilote a toujours une importance considérable, pour aller chercher les deux ou trois derniers dixièmes, il a toujours le même travail qu'avant. Techniquement et technologiquement, les voitures sont absolument fabuleuses, mais on a donné petit à petit, à l'extérieur, un message qui n'est pas le bon: autant sur les règlements, sur les changements de règlement, que sur l'esprit général des gens qui font changer la F1 par rapport à cela.

Y a-t-il une solution miracle pour la F1?
Certainement pas. Ça dure depuis deux ou trois ans. Les audiences avaient déjà baissé avant l'arrivée des nouveaux moteurs. La réflexion globale est naturelle, mais les axes sont compliqués: il y a le coût, car on peut changer les choses mais il faut que ça coûte moins cher. Il faut aussi mettre le spectacle en exergue, que les voitures soient plus difficiles à piloter. L'esprit est là, mais il faut prendre les bonnes décisions techniques et sportives. C'est un peu plus compliqué.

Où en est la réflexion sur l'avenir de Renault, dont vous êtes ambassadeur, en F1?
Tout est ouvert, c'est une décision vraiment globale et stratégique d'un constructeur, et ce n'est pas seulement le cas de Renault. Il y a des cycles et c'est une question simple: quelle est la meilleure stratégie possible autour de la F1, en fonction des nouvelles données? La situation n'est pas facile, car la F1 traverse une crise. C'est aussi dans ces moments là qu'on peut voir les choses de manière différente. Donc tout est encore ouvert, pour l'instant.



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