ORANGE WORLD, 22.06.2006

Alain Prost:
"Une course à regarder"



Comme avant chaque Grand Prix, Alain Prost, quadruple champion du monde, nous livre son analyse à la veille du rendez-vous canadien. Selon lui, après la démonstration de Silverstone, Alonso est le grand favori d'une course souvent animée.

Il y a deux semaines, Fernando Alonso n’a laissé aucune chance à ses adversaires à Silverstone en s’imposant au terme d’un Grand Prix assez ennuyeux. Est-ce que cela peut-être comme ça jusqu’à la fin de la saison ?
C’est un petit peu embêtant pour le spectacle parce que je trouve que c’est la première fois qu’Alonso et Renault dominent à ce point, du début jusqu’à la fin, sur un circuit qui est tout de même extrêmement difficile et où il se passe beaucoup de choses habituellement. Cela a été un Grand Prix soporifique, on peut le dire, et on n’en avait pas vu des comme ça depuis longtemps. Il y a eu un dépassement mais il a été fait dans les stands, au ravitaillement (celui de M.Schumacher sur Räikkönen). Maintenant, attendons de voir. La domination de Renault est évidente. Derrière, les challengers Ferrari et McLaren sont là et il ne faut surtout pas les oublier. Mais l’écart commence petit à petit à être important et on ne voit pas comment ils pourraient gagner un Grand Prix et redresser la barre pour mettre Renault et Alonso tout de suite derrière. Pour le reste du peloton, il y a eu des contre-performances qui font qu’aujourd’hui, c’est de plus en plus une lutte à trois.

Néanmoins, Michael Schumacher n’est pas si loin au Championnat, à 23 points d’Alonso…
Oui, il suffirait que la voiture de l’Espagnol connaisse un problème mécanique ou un accrochage et une victoire de Michael Schumacher pour relancer complètement le Championnat. En fin de compte, je ne vois que ça comme solution pour le relancer. L’aspect psychologique compte toujours beaucoup, et si Renault n’a pas de vrais soucis, l’écurie continue sur cette logique, sur cette lancée. Si « Schumi » gagne un Grand Prix et qu’Alonso n’en finit pas un, là tout de suite on se remet dans la position du vrai challenger qui est prêt à dévorer sa proie et toute l’équipe se motive derrière. On ne sait pas ce qui peut alors se passer. Pour le moment, ce n’est pas le cas.

Pensez-vous que Schumacher y croit encore ?
D’un côté, on a un pilote serein avec une super auto. Même s’il s’en va de son équipe en fin de saison, il fait son travail à fond et sachant qu’il a une autre écurie pour 2007, il a une visibilité. De l’autre côté, on a un autre pilote qui, après l’incident, l’accident ou le problème – on peut appeler ça comme on veut… – de Monaco, se trouve dans une situation où il n’a pas la meilleure voiture pour gagner le Championnat et où il ne sait pas encore ce qu’il fera dans l’avenir – du moins s’il le sait, il ne l’a pas annoncé – avec en prime une image écornée. Donc, Schumacher se retrouve dans une situation pas facile. Mais il est toujours là…

Le Grand Prix du Canada peut-il être le théâtre du même style de course ?
Alors là vraiment, si on a le même type de course, ça veut dire que la Fédération et les constructeurs devront revoir le règlement et la façon d’organiser les Grands Prix parce que cela semble complètement incroyable. Mais la Renault, elle a gagné pratiquement partout, dans différentes conditions, sur des circuits aux caractéristiques distinctes, les pneus se sont toujours bien comportés, donc de toute façon, il n’y a aucune raison technique qui pourrait nous faire dire que Renault sera moins bien au Canada. Bien au contraire. Mais la Ferrari et Bridgestone se sont toujours bien comportés là bas. En fait, seules les conditions, souvent différentes en qualifs et en course à Montréal, peuvent contrarier la chevauchée de Renault. Mais il se passe souvent des choses lors de ce Grand Prix du Canada où je vois Renault et Ferrari se battre pour la gagne. C’est une course à regarder car atypique. Ce sera certainement bien mieux que Silverstone.



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